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DE JULIE


choses qui me firent vraiment désirer de me lier plus étroitement avec elle. Jamais femme ne me parut plus séduisante ; elle s’énonçait avec une facilité, une douceur qui inspiraient autant de vénération que d’attachement. Elle m’exhorta, en me quittant, à me rétablir promptement par beaucoup de tranquillité et une bonne nourriture, pour être plus tôt en état de l’aller voir. Je lui demandai sa demeure, qu’elle s’obstina à me cacher, ne voulant point, me dit-elle, que je parusse devant Mimy et Dorothée avant d’avoir recouvré ma santé et mon embonpoint : au reste, elle me promit de venir régulièrement me voir en attendant.

Quoique je ne visse encore rien de bien avantageusement changé dans ma fortune, elle me parut toujours bien différente ; ce rayon d’espérance que j’entrevoyais m’occupait agréablement : plus d’idées noires, plus de tristesse, je considérais avec complaisance dans mon miroir l’effet prodigieux que faisait en moi la moindre lueur de satisfaction. Ma vanité s’applaudissait intérieurement du refus que j’avais courageusement fait des dix louis du sieur Valérie. Je me servis de l’argent de madame Mont-Louis pour retirer le peu de nippes qui m’étaient restées en gage, et sur lesquelles je ne comptais plus. Que le besoin nous fait sentir le prix des choses ! Je