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DE JULIE


de s’attendre à un parti, plus j’envisageai de plaisir à lui offrir ma main. Différent de ceux qui font acheter quelques avantages à une fille par la façon assurée dont ils les offrent, je les lui proposai particulièrement, et avant d’en parler à mon ami ; je m’annonçai enfin auprès d’elle comme un homme de sang-froid, qui cherche le vrai mérite au mépris des autres avantages. L’amour n’entrait pour rien dans mon choix, l’estime seule le dirigeait. Notre mariage se conclut ; je fis vendre le bien que j’avais en France pour m’établir en Espagne, et j’épousai Victorina, qui se contraignit deux ans entiers, après lesquels je reconnus l’effet de quelques mauvais conseils : on prit un certain ton avec moi. Quelque bonne envie que j’eusse d’oublier ce que j’avais fait, on me força d’en rappeler la mémoire ; le manteau de la dévotion couvrit le vice : on s’appuya de gens en état de me perdre. Que m’arriva-t-il enfin ? J’avais, dans le commencement de notre union, hasardé quelques opinions, sur lesquelles il est de la dernière conséquence de s’expliquer en Espagne ; on se servit de ce prétexte pour se défaire de moi. Je me vis un jour, à six heures du matin, arrêté et conduit dans les prisons du Saint-Office, où j’ai eu le temps de m’exercer à la douleur pendant quatre ans que j’y ai été ren-