guérison : il m’écouta avec complaisance ; il me
représenta que, fait à la douleur, il trouvait une
espèce de soulagement à s’y livrer. J’obtins cependant
de lui qu’il me fût permis de l’entretenir
quelquefois, et de lui prouver combien
j’étais différente de ceux qu’il avait si juste sujet
de détester. Je le quittai après lui avoir
témoigné combien je prenais part à ses chagrins,
et redescendis chez ma vieille hôtesse,
dont la joie égalait la mienne. Nous soupâmes
et je me couchai, l’imagination agréablement
remplie de mon bonheur, ne regardant plus ces
temps fâcheux que j’avais passés que comme
un songe propre à me faire sentir tout le prix
de la vie heureuse que j’allais mener. Ce fut
alors que je me fis une ferme résolution de penser
sérieusement à l’avenir. Que cette nuit fut
délicieuse ! Quels agréables songes ! Quel gracieux
réveil ! Avec quel plaisir ne jetai-je point
les yeux sur ma misérable retraite que j’allais
quitter ! sur cet appareil nécessiteux, auquel
j’allais substituer toutes les commodités d’une
vie aisée et tranquille !
Ne doutant point que M. Poupard ne voulût me meubler un appartement, mais voulant attendre un terme pour en choisir un à ma fantaisie, je me déterminai à retourner rue des Deux-Écus, à ma première demeure, jusqu’à ce que