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DE JULIE


guérison : il m’écouta avec complaisance ; il me représenta que, fait à la douleur, il trouvait une espèce de soulagement à s’y livrer. J’obtins cependant de lui qu’il me fût permis de l’entretenir quelquefois, et de lui prouver combien j’étais différente de ceux qu’il avait si juste sujet de détester. Je le quittai après lui avoir témoigné combien je prenais part à ses chagrins, et redescendis chez ma vieille hôtesse, dont la joie égalait la mienne. Nous soupâmes et je me couchai, l’imagination agréablement remplie de mon bonheur, ne regardant plus ces temps fâcheux que j’avais passés que comme un songe propre à me faire sentir tout le prix de la vie heureuse que j’allais mener. Ce fut alors que je me fis une ferme résolution de penser sérieusement à l’avenir. Que cette nuit fut délicieuse ! Quels agréables songes ! Quel gracieux réveil ! Avec quel plaisir ne jetai-je point les yeux sur ma misérable retraite que j’allais quitter ! sur cet appareil nécessiteux, auquel j’allais substituer toutes les commodités d’une vie aisée et tranquille !

Ne doutant point que M. Poupard ne voulût me meubler un appartement, mais voulant attendre un terme pour en choisir un à ma fantaisie, je me déterminai à retourner rue des Deux-Écus, à ma première demeure, jusqu’à ce que