m’en donna avis. Tout se trouva en bon ordre,
de sorte que je me vis bientôt une garde-robe
des mieux étoffées. M. Poupard, dont le goût
pour moi augmentait toujours, m’accablait de
présents. Je songeai pour lors à satisfaire l’envie
démesurée que j’avais eue quelques mois auparavant
de braver ma rivale et son amant. On
m’avait déjà proposé plusieurs parties de spectacle ;
mais j’avais toujours différé pour rendre
plus brillant l’appareil dans lequel je voulais m’y
présenter. J’engageai la compagnie à aller aux
Italiens voir la nouvelle pièce où tout Paris
courait ; nous retînmes une loge, et ne négligeâmes
rien, madame Delêtre et moi, pour y
paraître dans tout l’éclat de femmes aisées et de
bon goût. Pouvais-je n’être pas mise à mon
avantage ? la jalousie et la vanité s’étaient chargées
du soin de ma parure. M. Poupard n’ayant
pu être des nôtres, le neveu du Marquis me
donna la main : c’était justement ce que je désirais ;
sa figure, quoiqu’un peu équivoque, était
gracieuse : son état, sa mise et son maintien
réunissaient tout ce qu’il fallait pour un amant
de montre. Il en était déjà aux petits soins avec
moi, et ne pouvait par conséquent manquer de
me témoigner beaucoup d’attentions et d’empressements.
Je fis naître quelque prétexte pour
arriver tard, afin d’être plus facilement remar-
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LES ÉGAREMENTS