Riswic : sa passion devint une affaire sérieuse,
qu’il traita avec moi dans toutes les règles de
l’art. Le Marquis son oncle ne tarda guère à
s’en apercevoir, et saisit toutes les occasions qui
se présentèrent pour lui faire à ce sujet les leçons
les plus humiliantes sur la facilité des
jeunes gens et le danger auquel s’expose une
femme qui leur donne quelque avantage sur
elle. Mon cher neveu, lui dit-il un jour devant
moi, vous y voilà, j’en suis bien aise, vous
payez à présent les sottises de vos pareils : les
aimables ont gâté le métier. Vous êtes d’une
jolie figure, vous pourriez amuser une femme,
mais on n’ose se fier à vous, mes petits messieurs ;
vous avez la réputation de devenir insolents
et heureux tout ensemble. Sans être bégueule,
une femme ne veut point être exposée
à l’injuste procédé d’un fat, qui, la plupart du
temps, mesure ses droits sur elle aux bontés
qu’elle a eues pour lui. Je ne sais quel était positivement
le but du Marquis, mais ses propos
ne reculaient point les affaires de son neveu ;
c’était un homme qui avait vécu au-dessus du
préjugé, vis-à-vis duquel le mérite de gêner ses
appétits était très petit : ce n’était, selon lui, que
le talent des dupes ; mais il était extrêmement
jaloux des dehors que les hommes s’imposent.
Je ne voyais rien dans sa morale au Chevalier
Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/301
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
277
DE JULIE