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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/304

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LES ÉGAREMENTS


fiance : il ne savait comment témoigner son ravissement. Je tournai cependant ma réponse à son neveu d’une manière à ne le pas désespérer : j’aurais bien été tentée d’en tirer parti ; mais je craignais trop de me voir jouée en voulant jouer les autres : le passé me fit tenir sur mes gardes. Ce sacrifice me valut de nouveaux bienfaits de M. Poupard, qui ne mit plus de bornes à sa générosité.

Après m’être satisfaite du côté de la Valcourt et de sieur Valérie, il était bien juste que je songeasse, autant par devoir que par inclination, à quelque chose de plus sérieux. Depuis que j’avais quitté la Remy, j’avais plusieurs fois envoyé prier inutilement M. Gerbo de venir me voir, sans avoir jamais pu l’y déterminer. Je m’en étais même entretenue avec le Marquis et madame Delêtre, comme d’un homme aussi singulier par sa façon de penser, qu’à plaindre par les traits de perfidie qu’il avait essuyés. Je n’avais jamais, en parlant de lui, dissimulé les obligations que je lui avais, sans détailler cependant de quelle nature elles étaient : j’avais fait naître enfin l’envie de le connaître ; les dispositions dans lesquelles je m’annonçais à son égard ne pouvaient assurément que me faire honneur vis-à-vis de gens qui pensaient. Je pris donc le parti de me faire mener chez lui, bien