résolue de ne plus écouter les raisons qu’il pourrait
me donner pour se dispenser de se rendre
à mes instances. Mon dessein était de l’emmener
dîner avec moi ; aussi lui déclarai-je en entrant,
et sans autre biais, que je l’enlevais pour
toute la Journée, sans qu’il dût songer seulement
à s’en défendre : et sur les difficultés qu’il voulut
d’abord faire, je lui signifiai en riant que j’allais
faire du scandale ; que j’étais d’humeur à ne
me payer d’aucune excuse ; qu’il était honteux
et humiliant pour une femme de prier si longtemps ;
que j’allais faire le lutin jusqu’à ce qu’il
fût monté en carrosse avec moi. Ce petit air résolu
le fit rire ; il vit bien qu’il ne gagnerait rien,
et se détermina enfin à me suivre, en me disant
que puisque je voulais absolument m’ennuyer
il m’ennuierait donc. Nous descendîmes : je dis
bonjour à la Remy, en l’exhortant à se consoler
de ce que je lui enlevais ses voisins. Nous montâmes
dans ma voiture, en plaisantant toujours
sur mon rapt, et nous nous fîmes mener chez
moi, où on me rendit, en arrivant, un billet de
M. Poupard, qui me mandait la nécessité où il
se trouvait d’aller à Versailles, au moyen de
quoi je fus sûre d’être seule : je n’en fus pas
fâchée, me trouvant à portée de causer plus
librement avec mon convive, devant lequel je
témoignai cependant quelque regret, pour lui
Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/305
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
DE JULIE