sourire de satisfaction qui annonce le succès de
l’objet qui l’inspire. Plus attentive aux espiègleries
de mon voisin qu’à celles de tout autre, je
ne laissais rien échapper de ce qui pouvait les
occasionner : ce petit commerce de contradiction,
en apparence, ne tendait qu’à nous rapprocher
en particulier ; et quoiqu’en moi le défaut
de trop grande jeunesse ne fût pas propre à
flatter ses idées, il fit une raison en faveur de
mes petites manières, qui travaillaient prudemment
à le rassurer sur ses craintes. Ma tante
avait toutes les peines du monde à contenir
l’excès de joie avec laquelle elle voyait si heureusement
prospérer les préliminaires de son
projet ; et si elle n’osait s’attribuer en propre les
compliments qu’on me faisait, elle se glorifiait
du moins en secret des progrès de son élève, au
sujet de laquelle elle aurait volontiers dit,
c’est l’ouvrage de mes mains. L’heure de partir venue,
on nous annonça qu’il fallait promptement
monter en voiture : ce qui fut exécuté sans
retard : chacun prit sa place, il n’y eut que moi
qui troquai les genoux de ma tante contre ceux
du Militaire, sur lequel le mouvement du carrosse
m’arrangea bientôt de façon à produire
chez moi un effet tout contraire à celui de nos
voyageurs, que la fatigue endormit subitement.
J’avais beau faire semblant d’éloigner mon