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DE JULIE


sourire de satisfaction qui annonce le succès de l’objet qui l’inspire. Plus attentive aux espiègleries de mon voisin qu’à celles de tout autre, je ne laissais rien échapper de ce qui pouvait les occasionner : ce petit commerce de contradiction, en apparence, ne tendait qu’à nous rapprocher en particulier ; et quoiqu’en moi le défaut de trop grande jeunesse ne fût pas propre à flatter ses idées, il fit une raison en faveur de mes petites manières, qui travaillaient prudemment à le rassurer sur ses craintes. Ma tante avait toutes les peines du monde à contenir l’excès de joie avec laquelle elle voyait si heureusement prospérer les préliminaires de son projet ; et si elle n’osait s’attribuer en propre les compliments qu’on me faisait, elle se glorifiait du moins en secret des progrès de son élève, au sujet de laquelle elle aurait volontiers dit, c’est l’ouvrage de mes mains. L’heure de partir venue, on nous annonça qu’il fallait promptement monter en voiture : ce qui fut exécuté sans retard : chacun prit sa place, il n’y eut que moi qui troquai les genoux de ma tante contre ceux du Militaire, sur lequel le mouvement du carrosse m’arrangea bientôt de façon à produire chez moi un effet tout contraire à celui de nos voyageurs, que la fatigue endormit subitement.

J’avais beau faire semblant d’éloigner mon

  
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