plus libres distractions. Cette soirée fut selon
moi la plus jolie de toutes les soirées. Qu’une
ardeur longtemps prolongée laisse d’agréables
imperfections ! La voiture étant enfin arrêtée,
on entendit chacun reprendre ses esprits par
des bâillements naturels, auxquels j’eus soin
d’en mêler de très affectés ; et me rhabillant
avec surprise, je demandai civilement à mon
fauteuil si je ne l’avais point incommodé. Son
esprit vif et badin lui fournit à ce sujet mille
plaisanteries qui ne pouvaient être entendues
que de lui et de moi. Plus il me témoigna
d’attention, et plus je me glorifiai de ma conquête :
les soins d’un uniforme me flattaient,
et plus encore l’attention qu’ils m’attiraient ;
car on me faisait de plus en plus des politesses,
dont j’avais en partie obligation à la lieutenance.
Nous mîmes bientôt notre amour en règle par l’usage ordinaire des serments, dont on cimente la constance et la fidélité. Notre voyage, qui dura quatre jours, ne fut qu’une répétition continuelle de ces riens amusants qui ne servent ordinairement qu’à irriter nos désirs. Nous arrivâmes enfin dans Paris, dont le tumulte me surprit avec raison : occupée à regarder les embarras, la quantité prodigieuse des carrosses, la circulation de l’infanterie, et pour tout dire ce