toute étonnée de se trouver en compagnie ; elle
ne parle à âme qui vive. Sa tante et moi l’élevons
dans une modestie, une retenue… Ah !
c’est… c’est un trésor dans un Paris. À quoi je
remarquais que notre Maltôtier applaudissait en
riant sous cape, et comme se félicitant d’avance
sur son heureuse rencontre. Oui, oui, disait-il,
je vois ça du premier coup d’œil, et je l’ai infaillible.
Ça n’est pas encore formé ; je veux… je veux lui donner
l’usage du monde : et pour des manières, ça ne sortira
pas de mes mains que ce ne soit un bijou ; mais il
faut qu’elle me promette d’être bien sage. Il ne faut pas
l’effaroucher : dites, m’aimerez-vous, mignonne ? Oh !
je veux la mener aux marionnettes : aime-t-elle polichinelle ?
Votre goût sera toujours le sien, monsieur,
répondit la Daigremont. Je ne savais trop
si je devais rire ou m’affliger de ce que j’entendais ;
j’avais en même temps tout à craindre et
tout à espérer. Je prévoyais bien ne pouvoir
échapper aux poursuites de M. Poupard ; il
était trop bien servi par la Château-Neuf et la
Daigremont : c’était un homme puissamment
riche, et dont les espèces, grossièrement distribuées,
n’avaient pas moins de mérite ; mais je
ne pouvais digérer l’affreuse idée de lui donner
le pas sur sieur Valérie, au sujet duquel je me
trouvais dans un nouvel embarras. Devais-je le
tromper ? et d’un autre côté pouvais-je me ré-
Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/50
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
LES ÉGAREMENTS