soudre à lui faire l’humiliant aveu des projets
de ma tante ? Je prévoyais bien l’avantage considérable
que je trouvais d’abord en me jetant
dans la finance ; mais il ne pouvait balancer les
intérêts de mon cœur. Ces réflexions me mirent
dans une étrange perplexité, à laquelle je
m’abandonnai sans m’en apercevoir. Le reproche
qu’on m’en fit me rappela à moi-même ; je
remis au lendemain à trouver les moyens de
concilier l’amour avec la fortune ; et forçant
mon naturel, je parus plus libre le reste de la
journée. J’oubliai pour le moment sieur Valérie,
et relâchant un peu de mon air sauvage, je m’apprivoisais
avec l’aimable Poupard, aux manières
duquel j’eus soin de conformer les miennes.
Nous ne tardâmes guère à nous délivrer quelques
mutuels coups de poing pour ébaucher la
connaissance. Je commençai à entrer de moitié
dans toutes ces louanges assommantes dont
on lui rabattait les oreilles. Notre union se
manifestait déjà dans mille petits jeux ; nos
goûts travaillaient à se rapprocher en apparence ;
je m’apercevais enfin du progrès de mes yeux,
auxquels mon Adonis faisait la cour à la faveur
de ses bijoux. Tout jusque-là s’était passé à
merveille, lorsque l’effet d’un malicieux hasard
nous offrit un assez plaisant spectacle, dont M.
Poupard fit malheureusement pour lui tous les
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DE JULIE