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LES ÉGAREMENTS

Étant arrivés en ville, nous nous fîmes descendre près du Palais-Royal, et après une nouvelle répétition de ce qu’il nous avait déjà dit, il nous donna parole pour le lendemain au soir. Nous nous séparâmes très satisfaits les uns des autres ; le cocher toucha, le carrosse disparut : nous nous trouvâmes en un instant à notre porte.

Dès que nous fûmes montées, chacune de nous travailla à se mettre à son aise ; et après quelques tours, la Daigremont et la Château-Neuf passèrent dans ma chambre pour assister aux débris de ma toilette. Nous fîmes à nous trois un petit cercle triangulaire, où l’on observa d’abord ce moment de silence ordinaire à la préparation d’un discours important. Ma tante, qui s’était chargée de parler la première, ouvrit le sien par une réflexion morale, dont la suite ne tarda guère à résoudre l’équivoque.

Ma fille, me dit-elle, notre vie est si courte, et le temps de la jeunesse passe si rapidement, qu’on s’expose à des regrets aussi cuisants qu’inutiles, quand on a eu le malheur de n’en pas faire un bon usage : vous voilà au printemps de vos beaux jours, la pureté de vos mœurs, qui en fait à présent tout le prix, décidera par la suite du bonheur ou du malheur dont ils seront suivis. Nous avons sous les yeux