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DE JULIE

Dès le même moment chacun travailla de son côté à venger son amour offensé. L’oncle, pour prévenir les suites, écrivit à son frère que son neveu se dérangeait, et qu’il fallait le rappeler auprès de lui ; le neveu, qui, dès le premier instant, méditait quelque coup sanglant à son oncle, se trouva bientôt déterminé par les ordres de son père, qui lui écrivit de partir au plus tôt pour Amiens, où il l’attendait. Le projet fut dans l’instant conclu, et exécuté le lendemain. Sieur Valérie tenait la caisse de M. Poupard, dans laquelle il se trouvait pour lors soixante mille livres ; ne voyant point jour à tirer cette somme de son père, il s’empara des deniers de son oncle, sauf à lui d’avoir recours à son père pour le remboursement. On s’imagine bien que cette somme était destinée pour subvenir aux frais de notre fuite : sans aucune autre réflexion, il agit en conséquence, se munit de l’argent, acheta une chaise de poste, qu’il envoya nous attendre avec un domestique à la première poste. Après avoir pris toutes les mesures nécessaires, il se rendit à son heure ordinaire chez moi, et me communiqua son dessein.

L’éclaircissement qu’il m’avait demandé quelque temps auparavant, au sujet de son oncle, lui avait attiré de ma part les protestations de l’amour le plus vif ; il fut question de le prou-