sa douleur, les larmes aux yeux ; me fit ressouvenir
qu’il avait tout hasardé pour moi, négligé
sa fortune, trahi son oncle, réduit son père au
désespoir, terni sa réputation, manqué peut-être
à l’exacte probité ; qu’il m’avait enfin tout sacrifié,
et que je lui refusais jusqu’au moyen de se
sauver de la colère d’un père et de la sévérité
de la justice. Car enfin, ajouta-t-il, quelle couleur
pourrai-je donner à votre enlèvement ? Vos
tantes ont sans doute informé contre moi ; on
me cherche : errant, fugitif, je n’ai plus d’asile ;
peut-être à l’instant même n’est-il plus temps.
Vous n’ignorez pas l’attachement inviolable
que j’ai pour vous ; qu’il n’est pas en mon pouvoir
de m’éloigner seul : vous n’en sauriez douter,
je vous le répète, et vous avez la cruauté de
me perdre en vous obstinant à rester ici, où
nous commençons à n’être que trop connus.
Ces justes alarmes ne purent me déterminer à
rien, j’eus encore la dureté de lui dire qu’il
aurait dû prévenir ces accidents avant de hasarder
notre fuite. Je lui fis valoir à mon tour les
avantages que je lui avais sacrifiés : ce coup le
rendit furieux, il s’exalta en reproches, se porta
aux fureurs ordinaires aux amants outragés,
et me signifia en sortant qu’il saurait bien prendre
son parti. Je ne me sentis point touchée ; il
me vint compagnie, je m’étourdis sur les pru-
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LES ÉGAREMENTS