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DE JULIE


dentes réflexions de sieur Valérie, que je ne commençai plus à regarder que comme un censeur incommode : il m’avait attristée, on m’amusa ; il venait de me faire envisager un fâcheux avenir, on ne m’occupa que d’un présent agréable ; en un mot, on m’offrit des idées toutes contraires à celles qu’il venait de me faire pressentir, et je dois avouer à ma confusion que les fadeurs assommantes qu’on substitua à ce qu’il venait de me dire de touchant, me le rendirent à charge.

Qui ne rougirait des erreurs où nous précipite un vicieux tempérament, quand la force de la raison ne nous sauve pas ! J’estimais beaucoup sieur Valérie ; mais je ne pouvais lui pardonner sa prudence, qui, selon moi, ne tendait qu’à la misanthropie : le plaisir faisait ma loi, et j’eus la cruauté de désespérer celui qui m’en avait frayé la route. Qu’une conduite aussi légère m’a coûté de regrets et de soupirs ! que je payai cher le peu de déférence que j’avais témoigné à un homme qui en méritait tant ! qu’il fut bien vengé de mon ingratitude ! On ne tarda guère à s’apercevoir de notre refroidissement ; on chercha à en profiter ; on n’eut pas de peine à y réussir : quoique sieur Valérie n’eût plus pour moi cette pleine effusion de cœur avec laquelle il avait commencé à vivre