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Page:Perrinjaquet - Corée et Japon, annexion de la Corée au Japon, traité du 22 août 1910 et ses conséquences.pdf/15

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du 24 juillet 1907, imposé par les Japonais, plaça le nouvel Empereur sous le contrôle et la surveillance du résident général du Japon[1]. Dès lors, ce pseudo-monarque fut quasi-prisonnier dans son Palais, entouré de fonctionnaires nippons épiant ses moindres actes et l’empêchant d’entrer en contact avec son peuple sans la permission du représentant du Mikado.

II. — Il semble que cette situation aurait pu se prolonger indéfiniment et que le Japon n’avait pas grand intérêt de proclamer l’annexion pure et simple. L’annexion déguisée donnait en somme au gouvernement de Tokio les mêmes avantages que l’union officielle des deux pays. Mais le Japon a jugé plus simple, après une expérience de cinq ans, de consolider d’une façon positive et définitive l’absorption de l’Empire coréen. Une raison de politique intérieure et un double motif d’ordre diplomatique paraissent avoir inspiré la détermination des hommes d’État japonais.

Au point de vue intérieur, le gouvernement du Mikado a voulu affirmer d’une façon solennelle que la réunion de la Corée et du Japon était un fait définitivement acquis et dont l’existence ne saurait être mise en question. Ceci pour faire comprendre d’une façon tangible aux Coréens que l’autorité des Japonais est désormais en fait et en droit le seul pouvoir légal existant en Corée et qu’il n’y a plus de Souverain indigène. La renonciation officielle et définitive du monarque de Séoul à une souveraineté disparue a été considérée, avec raison semble-t-il, comme devant être de nature à décourager toute nouvelle tentative de révolte et à affermir la domination nipponne. Le rescrit impérial japonais du 29 août 1910, qui a suivi la publication du traité d’annexion, déclare que cette nouvelle mesure a été dictée par le désir de renforcer l’autorité publique en Corée et d’y assurer l’ordre et la sécurité. D’ailleurs, le traité d’annexion procède d’une habileté tout orientale : la famille impériale de Corée est l’objet d’un traitement tout particulier, ménageant la situation honorifique et pécuniaire de l’Empereur déchu et des Princes coréens, le Mikado leur accordant des titres et des pensions[2]. Il y aurait ainsi,

  1. V. le texte de ce traité dans G. F. de Martens, Nouveau Recueil général de traités, 3e série, t. I, p. 6.
  2. Voici les textes du traité d’annexion du 22 août 1910 et du rescrit impérial japonais du 29 août 1910, qui en a suivi la publication :
    I. — Traité annexant la Corée au Japon, signé à Séoul le 22 août 1910.

    Sa Majesté l’Empereur du Japon et Sa Majesté l’Empereur de Corée, ayant en vue les relations spéciales et étroites entre leurs pays respectifs, désirant augmenter le bien-être