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Page:Perrodil - À travers les cactus, 1896.djvu/53

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tournoi de négrillons

À quelques mètres de nous, en contre-bas, un arbre d’assez faible dimension s’élevait, dominant l’espace, car le sol descendait presque à pic vers le port.

Cet arbre, un arbuste plutôt, présentait un aspect des plus étranges. Il était extraordinairement touffu et de couleur inusitée. Le feuillage, à supposer que c’en fût un, était d’une telle épaisseur que le jour n’y pénétrait pas.

Je le fixai attentivement en m’avançant vers le rebord de l’allée, dans sa direction. Aussitôt il se produisit un fourmillement dans ce feuillage mystérieux.

Alors je distinguai. C’était une nichée de petits Arabes ; il y avait des mulâtres et des négrillons aussi ; ils étaient empilés, là, sur cet arbre, recroquevillés, presque enchâssés l’un dans l’autre ; ils semblaient former bloc, tels qu’un amas de vermisseaux. Tous moitié nus, naturellement ; sur le dos, seulement un lé d’étoffe blanche. Et ils se tenaient muets, immobiles, comme réduits à l’état de végétaux. Leurs chéchias, de loin, sem-