Aller au contenu

Page:Perrot, Caillaud, Chambaut - Économies d’échelle et économies de gamme en production laitière.pdf/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour d’autres indicateurs d’impact (émissions nettes de GES, eutrophisation), les exploita­tions de polyculture-élevage affichent des performances très moyennes en raison d’une place le plus souvent limitée des surfaces en herbe dans le système fourrager et plus encore du pâturage des vaches laitières. Cependant, comme pour le volet économique, les moyen­nes masquent une certaine variabilité, et des exploitations engagées dans des trajectoires alternatives combinent une bonne efficacité économique et un impact environnemental plus faible que la moyenne.

L’analyse des indicateurs environnementaux reclasse généralement les exploitations d’élevage spécialisées en fonction de leur système fourrager. Mais plus encore, cette ana­lyse environnementale souligne les spécificités des exploitations en agriculture biologique dont l’impact se distingue nettement. Ceci n’a rien d’étonnant, compte tenu du cahier des charges de l’agriculture biologique (aucun engrais de synthèse) et de l’optimum technico-économique qui se situe dans ce cadre à un niveau d’intensification assez bas : lait/VL, chargement, une place de l’herbe importante et des achats d’aliments réduits (compte tenu de leur prix).

Enfin, on peut ajouter que, ces dernières années, les résultats économiques plutôt attractifs des exploitations laitières en agriculture biologique (même en 2009 où ils ont été épargnés par la crise laitière) ont permis à ce mode de production de constituer un aboutis­sement logique de trajectoires d’exploitations qui combinaient des options historiquement associées aux logiques agronomiques de la polyculture-élevage. Les prairies permanentes et temporaires assolées (dont légumineuses fourragères) y assurent l’essentiel de l’alimen­tation des animaux à côté de fourrages ensilés en quantité limitée, avec un chargement sou­vent modéré des surfaces fourragères. Grâce à la bonne valorisation des produits (plus qu'aux aides spécifiques consacrées à ce mode de production), les exploitations en agriculture biologique ont réussi ces dernières années à compenser en partie une moindre productivité (en volume) des surfaces et du travail.

Des comparaisons entre exploitations de polyculture-élevage, dont le périmètre de définition pourrait être discuté, et exploitations de grandes cultures, ou encore des réflexions en matière de complémentarités entre productions végétales et animales au-delà de l’échelle de l’exploitation, à l’échelle du territoire, pourraient permettre de compléter ces analyses. Et, au-delà des résultats ici présentés, les travaux ouvrent sur des questionnements métho­dologiques quant aux modalités d’appréhension et de comparaison des systèmes de pro­duction dans leurs dimensions tant économique qu’environnementale.

À l’heure de « l’intensification écologique », la généralisation de systèmes extensifs, à niveau de productivité nettement plus faible par hectare (un facteur rare à l’échelle globale), n’est sûrement pas la solution. Des systèmes plus productifs ont toute leur place mais ils sont plus que jamais appelés à adapter leur niveau de charges au potentiel réel de leur exploitation pour des raisons tant économiques qu’environnementales.

L’amélioration de cette adéquation produits/charges nécessite la construction et la vulgarisation de référentiels qui aident les agriculteurs à trouver le niveau de charges adapté au potentiel ou à l’objectif visé. Ces référentiels et les démarches de conseil qui les utilisent mettent en avant des critères d’efficience technique (grammes de concentré par litre de lait, herbe réellement valorisée par ha, etc.) et non de performances brutes (lait/VL, rendement/ha).

2 8 ■ Notes et études socio-économiques n° 37 - Janvier-Juin 2013