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Page:Perrot, Caillaud, Chambaut - Économies d’échelle et économies de gamme en production laitière.pdf/25

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Les actions publiques susceptibles de stimuler la recherche d’économies de charges en vue d’améliorer les performances économiques et environnementales des exploitations ne sont pas faciles à trouver. Le cadre actuel ou futur des aides directes paraît difficilement s’y prêter, tant qu’il s’agit d’encourager une meilleure maîtrise des charges sans incidence notable sur les niveaux de productivité, plutôt élevés, visés par l’immense majorité des exploi­tations de polyculture-élevage. En d’autres termes, de traquer les dépenses inutiles (car sans effet sur la production). On est donc loin dans ce cas de figure de pouvoir mettre en évidence un quelconque surcoût pour l’agriculteur, théoriquement nécessaire pour justifier une aide du second pilier, puisque l’évolution souhaitée (l’économie de charges) est déjà gagnante.

L’agriculture biologique compense plus facilement les baisses de productivité en systèmes plus autonomes

En dehors de la voie privilégiée (l’agriculture biologique), qui est souvent une option envisagée par les exploitations dont le fonctionnement se rapproche de son cahier des char­ges, les solutions économiquement satisfaisantes semblent difficiles à trouver pour les exploi­tations de polyculture-élevage engagées dans des stratégies plus économes et plus autonomes. Difficiles mais pas impossibles comme le montrent les divers exemples tirés des Réseaux d’élevage bien que ceux-ci restent peu nombreux et issus uniquement de zones à moindre potentiel agronomique et moindre pression foncière, là où l’extensification est possible. Des objectifs ambitieux de démultiplication de ces voies alternatives pourraient passer par un renforcement des réseaux de fermes de référence avec un recrutement spécifique d’exploitations souhaitant les explorer. Cela pourrait aussi être le cas pour élar­gir la sphère d’influence de l’agriculture biologique. En effet si celle-ci est bien représentée dans les élevages spécialisés, en particulier dans les réseaux (29 %), elle l’est beaucoup moins dans les systèmes de polyculture-élevage (7 % dans les réseaux d’élevage et 0,6 % dans la population générale).

Accompagner l’optimisation du potentiel d’ « effet de gamme »

Entre le changement de politique laitière qui favorise de fait les économies d’échelle avec davantage de volumes de lait disponibles et les conjonctures céréalières qui confor­tent de plus en plus les stratégies dominantes de maximisation des surfaces en cultures de vente et minimisation des surfaces dédiées aux animaux, les exploitations de polyculture élevage françaises risquent d’accroître encore la recherche d’économies d’échelle tant en lait qu’en grandes cultures, plutôt que la recherche d’économies de gamme plus complexes à obtenir. Voire d’abandonner les productions laitières ou animales. Face à ces signes d’instabilité très nets, la stabilisation ou l’optimisation du fonction­nement des systèmes de polyculture-élevage pourrait constituer une réponse, partielle, aux nouveaux défis alimentaires, énergétiques et environnementaux, afin de produire à la fois « plus et mieux ».

Favoriser dans certaines exploitations, par des actions de politique et développement agricole adaptées, le retour à une plus grande intégration agriculture-élevage, permettrait une stabilisation de ces exploitations mixtes et procurerait des effets environnementaux et socio-économiques bénéfiques pour les territoires concernés. Il reste donc la possibilité de concevoir de nouveaux dispositifs d’accompagnement qui favorisent cette meilleure expres­sion des économies de gamme potentielles dans les exploitations laitières françaises de

Notes et études socio-économiques n° 37 - Janvier-Juin 2013 ■ 2 9