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Page:Perrot, Caillaud, Chambaut - Économies d’échelle et économies de gamme en production laitière.pdf/32

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nécessité de la part des éleveurs un travail de réflexion et de mise au point qui, au bout de plusieurs années, a permis d’établir progressivement un véritable référentiel technique local. L’existence d’une phase d’élaboration suggéré que ces systèmes herbagers n’ont peut-être pas atteint dès le début l’efficacité économique qui les caractérise aujourd’hui. La seule mesure de leurs performances actuelles ne suffit donc pas a déterminer si les transformations réalisées se sont avérées globalement rentables pour les éleveurs sur l'ensemble de la période. L’évaluation de la mise en œuvre de ces systèmes herbagers, conduite sur la période 1990-2009, a permis d’identifier les différentes étapes d’élaboration technique de ces systèmes, de repérer si certaines d’entre elles ont été financièrement difficiles pour les éleveurs, et de tester, une fois leur fonctionnement technique stabilisé, la robustesse des résultats économiques des systèmes herbagers élaborés, dans le contexte de forte variabilité des prix de la période 2006-2009.

L’étude de l’impact du passage en système herbager pour les éleveurs repose sur la comparaison entre un scénario avec projet herbager et un scénario dans lequel ce projet n’a pas eu lieu. Pour chacun des systèmes herbagers, une trajectoire « avec projet », reposant sur les évolutions techniques et structurelles réelles des exploitations concernées de 1990 à 2009, est ainsi comparée a une trajectoire « sans projet » ou « témoin », qui retrace de la manière la plus réaliste possible l'évolution qu’auraient connue ces exploitations sans passage en système herbager. La comparaison [avec-sans] et non [avec-avant] ou [après-avant] permet ainsi d’isoler les effets strictement liés au projet, de ceux qui résultent de divers facteurs externes, indépendants du projet, et qui de ce fait ne peuvent lui être imputés (Delarue, Cochet, 2011 ; Nguyen, Bloom, 2006 ; Bamberger, 2006).

Nous avons procédé à une évaluation financière détaillée de projet (Gittinger, 1985 ; Bridier, Michailof, 1990 ; Dufumier, 1996) pour les différents systèmes de production herbagers bovins laitiers identifiés. Celle-ci vise a mesurer et comparer, pour chacun d’entre eux, l'évolution, entre 1990 et 2009, de la valeur ajoutée nette et du revenu annuel disponible par actif entre les trajectoires herbagère et témoin, et d’en dresser le bilan sous la forme d’un bénéfice ou d’une perte nette par actif agricole calculé sur toute la durée du projet (cf. encadré 1).

L'analyse-diagnostic de l’agriculture de la région effectuée au préalable constitue un outil précieux pour la construction de la trajectoire témoin correspondant a chacun des systèmes herbagers. La compréhension de la dynamique d’évolution des systèmes de production a en effet permis d’identifier et de caractériser les principaux systèmes de production mis en œuvre par les éleveurs de la région a la fin des années 1980, y compris les éleveurs passés ensuite en système herbager, et de mettre en lumière les conditions et modalités de l'évolution de ces différents systèmes jusqu’a aujourd’hui. La reconstitution du processus d’évolution et de différenciation des systèmes de production sur la période 1990-2009 a rendu possible la formulation d’hypothèses réalistes concernant les trajectoires témoins, et ce d’autant plus aisément qu’elles ont été mises en œuvre par la majorité des exploitations laitières de la région.

L’échantillon considéré dans cette évaluation est constitué d’exploitations dont le système herbager a atteint un certain équilibre et fonctionne désormais en rythme de croisière. Parmi la vingtaine d’exploitations spécialisées en élevage bovin laitier membres du GRA-DEL ou du Civam du Haut-Bocage, huit systèmes de production herbagers ont été identifiés, qui ont en commun d’être basés sur des prairies temporaires d’association et la pratique du pâturage neuf mois de l'année, mais qui se différencient par les ressources dont disposent les exploitations (superficie par actif et niveau d’équipement) et par certains aspects de leur fonctionnement (alimentation et niveau de production par vache) (cf. infra). Neuf exploitations ont été retenues dans ce groupe, permettant d’illustrer chacun des huit

36 m Notes ef études socio-économiques n° 37 - Janvier-Juin 2013