Page:Perrot - La Grève de Pordic ou la Pordicane, 1872.djvu/28

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Tous ces objets divers sous l’œil ici places,
En font un des séjours, qu’on dirait consacrés
Pour prix de la vertu ; prix que dans cette vie,
Si souvent (on le sait), lui dispute l’envie.

Ainsi dans tel hôtel, en face du bassin,
Le bonheur semble attendre, et pour que de la main
Sur la rive il s’épande, il suffit qu’on regarde.
Oui sur un des balcons, qu’on veuille y prendre garde,
Que n’embrasse pas l’œil jusqu’au voisin coteau ?
Voilà pour le charmer, ce que la terre et l’eau
Ont de plus saisissant : un aspect tout magique
Décore ici les bords de la vieille Armorique
Dans ce charmant mélange, où vient fraterniser
Deux fois par chaque jour la terre avec la mer.

Celui qui de ces lieux, dès sa plus tendre enfance
En jouant sur la rive acquit la connaissance,
Sans doute ne sent pas ces champêtres beautés ;
Car quels objets toujours aux regards étalés,
Par l’usage bientôt n’ont pas cessé de plaire ?
La cause, disons-la, c’est l’humaine misère
Ce qu’on aime ardemment avant de posséder,
En jouit-on, l’ardeur commence à s’émousser.

Ô que les Binicains jouiraient de la vie,