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Page:Pert - Cady mariee.djvu/16

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Renaudin ne pouvait détacher d’elle ses regards enivrés, où éclatait l’amour dominateur, exclusif, qui le possédait. Déjà âgé de quarante-trois ans, de physique insignifiant, il avait le front un peu dégarni et sa barbe brune était semée de fils blancs. Entre les mains capricieuses, souvent dédaigneuses, parfois tendres de la jeune femme, le magistrat estimé, l’homme énergique et probe, l’habile et consciencieux juge d’instruction du parquet de la Seine n’était plus qu’un pantin sans volonté.

— Dis, Cady, pourquoi es-tu si méchante ce matin ? demanda-t-il suppliant, en s’emparant sournoisement d’une main étroite et menue qu’il couvrit de gros baisers.

Elle lui sourit, l’esprit ailleurs.

— Que tu m’ennuies !… Ne me lèche pas la main, on dirait l’épagneul du cousin Paul de Montaux… Tiens, vois, il y a un mot de maman… Elle a si peur que je fasse semblant d’oublier son diner qu’elle me rappelle que c’est pour ce soir… Tu seras revenu de ton assassinat, je suppose ?

— Sûrement… Dis-moi, Cady, cela ne te fâche pas que je ne déjeune pas avec toi ?… Ça me désole, tu sais bien, mais je ne peux pas