Page:Pert - Cady mariee.djvu/15

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— Comment, le courrier est là et tu ne le dis pas, sale bête !…

En chemise, elle sortit du lit, courut prendre sur le plateau le paquet de lettres et de journaux et revint en trois bonds se reglisser sous les couvertures.

Pendant un court instant, cela avait été, sous la lueur dorée emplissant la chambre, la vision d’une précieuse statuette vivante, audacieusement révélée par la batiste transparente ouvrée de dentelle.

De taille moyenne, très svelte, les seins petits admirablement modelés, les jambes nerveuses, d’un galbe parfait, la jeune femme paraissait compter beaucoup moins que ses vingt-quatre ans accomplis. La tête était délicieuse, avec ses grands yeux gris mélancoliques, sensuels, mutins, semblant tour à tour ou parfois simultanément refléter toutes les flammes de l’enfer et toutes les nuées azurées du paradis. L’ovale du visage, très allongé dans son adolescence, s’était aujourd’hui délicatement arrondi, donnant un air de jeunesse extrême à cette physionomie qui, auparavant, au sortir de l’enfance, semblait déjà mûre. Elle avait gardé une chevelure ni brune ni blonde, qui s’éclairait. d’or au moindre rayon de lumière.