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Page:Pert - Cady mariee.djvu/61

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pour papa avait reçu bien des chocs. Néanmoins lui seul rendait ma vie supportable à la maison. Lui parti, cela devint intolérable. J’ai eu — cela va vous étonner ? des crises de désespoir inouï à cette époque… J’ai pleuré pis que dix petits veaux. C’est un de ces jours d’attendrissement que Victor s’est présenté… Auparavant, ni lui ni moi n’avions songé qu’une union fût possible entre nous ; et, subitement, il nous a paru à tous deux que c’était la solution unique et géniale… Après cette découverte, ça n’a pas traîné.

— Votre mère n’a pas fait d’objections ?

— Elle ?… Elle était bien trop enchantée de se débarrasser de moi !… D’autant plus qu’à ma majorité j’aurais pu lui faire certaines réclamations qu’elle était persuadée d’éluder facilement lorsqu’elle aurait affaire au désintéressement et à l’esprit de conciliation de Victor.

— Vous voulez parler de la succession Le Moël ?

— Justement… Comme tout le monde, vous n’ignorez pas que cette vieille fripouille de sénateur était le véritable auteur des jours de mon père ?… À sa mort, qui précéda celle de papa de seulement dix jours, il lui légua toute sa fortune très cossue vous savez…