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Page:Pert - Charlette.djvu/123

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ment ce serait pour elle de se jeter dans ses bras, de lui confier tout ce que son cœur renfermait de peines, de tristesses, de froissements !…

Et, tandis que des larmes chaudes jaillissaient de ses paupières closes, elle murmurait faiblement, en un appel de tout son être affectueux, passionné, et privé de tendresse :

— Jean… Jean !…

Mais, elle frissonna tout à coup, revivant l’instant où les yeux étrangement fixes, dominateurs, de Hallis s’étaient emparés des siens ; puis s’approchant trop près, s’étaient comme fondus en elle, en l’enlacement de ses bras, en la caresse de ses lèvres…

Elle se souleva, affolée, fixant de ses pupilles dilatées les ténèbres faiblement éclaircies par des lueurs provenant de la rue. — Ah ! sûrement c’était mal, c’était criminel, un baiser, une étreinte pareils ! Et, devant elle, passait en désordre la multitude des amants et des amantes des fictions qui hantaient son esprit, tous unis en des embrassements semblables… tous entraînant à leur suite la douleur, le drame, le désespoir de leur faute d’aimer !

Aimer ! — Elle prononçait en elle : « Je l’aime et il m’aime » effrayée et quand même glorieuse. Aimer, c’était devenir femme, vivre, sortir enfin de la chrysalide où l’enfant est enfermé !…