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Page:Pert - Charlette.djvu/130

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ses fibres, elle eût pu exiler son enfant pendant quatre années ? — Non, elle n’était ni protectrice ni amie… les baisers de sa fille la trouvaient indifférente ou ennuyée… elle ne voyait ni ses chagrins ni ses angoisses. — Elle ne l’aimait point, et en vérité elle devait être incapable d’aimer !… Elle était toute à ses chiffons, à sa vie mondaine puérile, haletante et stupide !…

Et, dans un éclair, la jeune fille aperçut les causes de son rappel.

— Elle m’a fait revenir pour se débarrasser de moi, me donner au premier venu !…

Alors, une angoisse de l’avenir étreignit le cœur de la pauvre enfant.

— Ah ! qui me sauvera !… qui me défendra !…

Devant ses yeux, la triste silhouette de l’ancien marin passa. Elle secoua la tête, encore plus âprement désespérée.

— Père ! prononça-t-elle plaintivement. De celui-là aussi, elle était abandonnée sans retour ; elle le savait à présent, quoique ne pouvant expliquer ce détachement, car lui oh ! oui, lui, l’avait aimée autrefois avec tendresse, avec passion !…

Un souffle glacé venant de la fenêtre la fit fris- sonner.

Hallis ? — Oh ! non, une obscure divination lui répétait que ce n’était point de lui que viendraient le bonheur, la protection ! — Et pourtant, en son