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Page:Pert - Charlette.djvu/131

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délaissement, c’était presque sauvagement qu’elle souhaitait sa présence. — S’il eût élé là, elle se fût abandonnée à lui, à son caprice, à sa volonté avec une sombre joie… préférant n’importe quels supplices à ce désert !.…

Un courant d’air faisant battre la croisée bruyamment la rappela à elle. Elle se hâta de fermer la fenêtre et rentra dans sa chambre.

Elle se déshabilla, passa un peignoir ; et, comme elle était glacée, elle vint s’asseoir sur le tapis, tout près de la cheminée, d’où s’échappait une haleine tiède des cendres encore rouges. Tandis qu’elle tendait vers le foyer ses mains tout engourdies, la caresse chaude et mouillée de son favori Plick passa rapidement sur sa joue, et l’animal vint se coucher contre elle.

Elle le flatta de la main.

— Oui, tu es bon, fit-elle avec une gravité d’enfant. Et, tu sais, tu es mon seul ami…

Alors, attirant un fauteuil, elle y appuya sa tête ; et, serrant son chien — cette ombre d’affection fidèle — sur sa poitrine, elle ferma les yeux, épuisée d’avoir tant songé, tant pleuré, tant remué de pensées de désespérance, s’abandonnant à une mélancolie vague, qui perdait de vue graduellement les choses, les faits et les personnes… les enveloppait d’une vapeur trouble de résignation désolée aux déchirements de la vie…