Aller au contenu

Page:Pert - Charlette.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voyants, attiraient l’attention. Autour d’elles pleuvaient les aumônes qu’elles couraient ramasser, avec de légers cris gutturaux et des gestes simiesques.

Charlotte entra à gauche dans le salon rectangulaire opposé à la serre où étaient logées les Missions du Pacifique. Là, des essais de jonques, des comptoirs en forme de pagodes, une profusion de bannières et de portières en soie de Chine dénonçaient la salle réservée à l’Asie. La jeune fille ne tarda pas à découvrir la boutique de madame Lechâtelier, placée tout contre l’inévitable diorama des Missions, où, cette fois, l’admirable art chinois avait fourni des statues d’un réalisme saisissant : — Lépreux couverts de plaies hideuses que bandaient d’étonnantes religieuses au teint d’ivoire jauni, aux yeux un peu obliques, au sourire mystérieux ; tortionnaires effroyables, se penchant, le masque grimaçant, le sabre levé, au-dessus d’un missionnaire à genoux, le cou serré dans une cangue, son visage livide orné d’une barbe humaine où du véritable sang paraissait coagulé.

— Quel musée des horreurs ! fit Samela intéressé.

Autour de ces deux cases, la foule se pressait, et quatre Sœurs grises suffisaient à peine à recueillir sur les nattes du sol les sous qu’on y jetait — une pancarte en gros caractères annonçait qu on ne re-