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Page:Pert - Charlette.djvu/54

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angoisses les plus grandes. Du Jonquier avait, depuis longtemps, terminé son repas, et cependant, il demeurait immobile, muet, indécis. Enfin, il se leva, et parut prendre un parti.

— Que fais-tu, ce matin, Charlette ?

— Mais, rien, papa… je ne sais pas, j’attends maman.

Il hocha la tête, puis, après avoir hésité.

— Je marche tous les jours au Bois pendant une heure. Veux-tu m’accompagner ?

Elle bondit de joie, mais aussitôt, la contenance austère de son père la calma, et elle répondit doucement :

— Avec plaisir, papa.

Pourtant, la vivacité avec laquelle elle courut chercher une jaquette et un chapeau dénonçait aisément le bonheur que lui causait cette proposition.

Resté seul, l’ancien marin appuya ses mains sur sa poitrine, se tâtant avec appréhension, comme s’il se fût attendu à ressentir quelque douleur lancinante ; ensuite, d’un geste machinal, il chercha du tabac pour rouler une cigarette. Mais, c’était un soulagement défendu par sa maladie. Il dut se contenter de mâcher quelques bonbons dont il emplissait ses poches pour combler le désœuvrement que causait en lui la privation de fumer.

Devant le pare Monceau, du Jonquier fit signe à un fiacre arrêté qui attendait, et qui partit dans