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Page:Pert - Charlette.djvu/68

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blantes, insinuantes, caressantes, qui faisaient de l’adroit Hallis, sinon le plus célèbre romancier du moment, du moins l’écrivain le plus universellement aimé des femmes.

C’était le premier auteur qui eut fait vibrer l’imagination de la jeune fille. Trop pure pour analyser et comprendre la sensualité raffinée des œuvres de Hallis, elle était pourtant déjà trop femme pour n’en être pas obscurément effleurée. Il était le seul écrivain qui eût éveillé en elle la curiosité de l’homme qui avait tracé ces lignes, dépeint ces caractères, émis ces pensées. Et, actuellement, l’attente encore non réalisée de le voir lui-même ajoutait une vraie fièvre au romanesque intérêt que Charlette portait à un inconnu qui lui semblait néanmoins un ami de longue date.

Blottie dans le coin le plus obscur de l’avant-scène, doucement enivrée par la chaleur, la lumière, le bruissement de la foule, par tout ce qu’une salle de spectacle comble glisse d’indicible dans l’âme et les sens d’une jeune créature non familière à ce milieu, Charlette suivait avidement le premier acte. Absente de la loge, n’apercevant plus rien autour d’elle, captivée par la fiction de la scène, elle vivait le rêve de l’action, tressaillant à chaque péripétie, frémissant de tout son être aux paroles, à la douleur émouvante de l’héroïne. Celle-ci était une habile et touchante reconstitution modernisée de