Aller au contenu

Page:Pert - Charlette.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ancienne amie de couvent de madame Dalayrac, grande dame d’origine polonaise, deux ou trois fois veuve de politiciens et d’artistes célèbres ; connue elle même par des écrits sensationnels, indiscrétions piquantes sur des cours d’Europe spirituelle — ment glanées lors des missions diplomatiques remplies à l’étranger par l’un de ses conjoints.

L’éditeur feuilleta le roman que lui apportait le jeune homme, constata qu’il ne renfermait pas de fautes de français, n’en connut jamais exactement le sujet ; et, par égard pour madame Dalayrac qui faisait d’excellentes affaires pour sa maison, il édita le volume qui, naturellement, et comme le prévoyait l’auteur lui-même, passa absolument inaperçu dans le flot de productions de la maison.

La grande dame examina Robert, le trouva joli garçon, parut s’intéresser à l’avenir du manuscrit qu’elle demanda à lire et ne parcourut même pas. Elle conseilla le pseudonyme de Jean Hallis. Et, comme quelque chose tirant à peu de conséquence, elle fit son amant du jeune auteur.

Mais, elle avait affaire à une nature inordinaire et singulièrement attachante. Très vite, le jeune homme prit dans le cœur pourtant blasé, et les sens pourtant usés de la dame une place que n’avaient jamais obtenue les favoris précédents. Il devait la garder pendant toute la vie de madame Ascani, et bien après que leurs relations eurent cessé.