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Page:Pert - L Autel.djvu/103

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tement imité par l’homme au nez de perroquet qui marchait sur ses talons.

— À vos ordres, monsieur, tout est prêt.

Caula considéra l’idiot d’un air crispé.

— Celui-ci, ôtez-le de là, hein ?… Quand je le vois, j’ai la mémoire coupée !

Le régisseur courba immédiatement la tête.

— Bien, monsieur.

Et, prenant la main de l’idiot, il l’entraîna avec une affectueuse douceur :

— Viens, que je t’attache en bas, mon pauvre vieux !…

Intéressé, Robert demanda :

— En somme, qu’est-il au régisseur, ce monstre ?… Son père, son grand-père ?

Yvette Lamy éclata de rire :

— Pas du tout !… Bien qu’il ait des cheveux blancs, Coco est le fils d’Adolphe !… Et tous deux s’adorent !… Si le pauvre bonhomme n’avait pas ce fardeau, il au- rait sa situation faite, car c’est un homme surprenant… Si nous ouvrons de lundi en huit, comme c’est annoncé, ce sera bien grâce à lui…

Adolphe revenait.

— Mesdames et messieurs, on commence !

Soudain repris de l’émotion anxieuse qui le possédait à chaque audition de sa pièce, Robert attrapa un siège et s’isola, n’ayant plus d’yeux, plus d’oreilles que pour ce qui se passait sur cette soi-disant scène.

Pièce plus psychologique que vraiment dramatique, avec de graves défauts et quelques qualités de premier ordre, son œuvre montrait deux êtres éminemment modernes, deux mondains blasés, usés intellectuellement, avant même que d’avoir vécu, et qui néanmoins conservaient en eux, non pas des sentiments tendres et frais,