Aller au contenu

Page:Pert - L Autel.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mais la conscience nette de la possibilité de ces sentiments dans le cœur humain et le regret lancinant de les imaginer sans pouvoir les éprouver.

Madeleine est mariée à un homme qui l’aime profondément, qui a pour elle tous les dévouements, toutes les délicatesses qui souffre cruellement de sa froideur. Jean, va se marier à une jeune fille, un cœur exquis, subjugué par lui, qui l’adore ainsi qu’un dieu.

Et Madeleine et Jean sont attirés l’un vers l’autre, tout en sachant leur incapacité d’aimer, en déplorant amèrement que cette ombre de passion ne puisse jamais atteindre la simple grandeur de ceux qu’ils font souffrir, un peu par indifférence, un peu par curiosité, beaucoup par rancune de ne pouvoir les égaler.

Toute la valeur dramatique de la pièce reposait sur deux scènes supérieurement construites ; l’une qui tenait le deuxième acte presque en entier, entre Madeleine et Jean, où s’indiquait, montait, s’exaltait leur désir exaspéré d’aimer, leur élan l’un vers l’autre et leur suprême décevance devant leur impuissance morale invincible.

L’autre scène se passait entre Jean et sa fiancée. Jacques de Caula y déployait une maîtrise inouïe en son rôle difficile d’homme las et pourtant apitoyé au près de l’amour passionné et chaste d’une jeune fille.

Ces deux scènes, Robert Castély les voulait parfaites. Il les écoutait tremblant, une sueur perlant aux tempes, chaque jour repris par la même angoisse. Les modifications qu’il apportait au cours des répétitions le torturaient ; au lieu que dans le reste des trois actes il sabrait, hachait délibérément.

Il avait failli dix fois battre Yvette Lamy, parce que la comédienne interprétait tout de travers son rôle de jeune fiancée. Heureusement souple et obéissante, la mémoire excellente, elle finissait par répéter son rôle