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Page:Pert - L Autel.djvu/133

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che naturelle de leur existence conjugale… moi je suis convaincue que vous l’avez perdu…

Dolle se récria :

— Vous êtes cruellement injuste !…

Elle insista :

— Si, vous avez perdu l’avenir de ces enfants, et c’est vous le véritable, le seul coupable, car ce sont vos théories qui ont entraîné Robert et soumis Suzanne. L’acte qui a été commis vous appartient tout entier, et vous êtes responsable de ce qui suivra.

Il s’écria avec irritation :

— En somme, que voulez-vous qu’il arrive de si néfaste ?… Vous faites du roman, ma chère amie !… D’ailleurs, je ne devrais pas m’étonner… Vous suivez votre toquade… votre conception impossible d’une humanité bridée, châtrée !… Je devrais ne rappeler que vous niez l’amour, que vous prétendez que l’homme et la femme peuvent vivre dans un état de chasteté complète, éternellement !…

Madame Féraud eut une dénégation calme :

— Je n’ai jamais dit cela…

Le jeune homme se rebiffa, avec une amertume où un trouble vague se faisait jour.

— Ah ! pardon ! vous avez peut-être oublié, mais moi, je ne perdrai jamais le souvenir de certaine conversation qui eut lieu ici même, sur ce divan, entre vous et moi ! Si vous tirez quelque orgueil de penser que vous m’avez abasourdi, je vous le confesse volontiers !… Et j’avoue en surplus que, malgré que six mois se soient écoulés et que j’y aie souvent pensé, je ne m’explique encore ni vos paroles, ni votre conduite, ni votre pensée… Je ne me doute pas de la femme que vous êtes réellement !… Il vous a plu de jouer au sphinx avec moi, et je reconnais que vous y avez pleinement réussi !