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Page:Pert - L Autel.djvu/134

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Madame Féraud eut un mouvement des épaules indulgent.

— Vous êtes le dernier qui ayez le droit de parler ainsi, car justement j’ai fait pour vous ce que je n’ai fait pour aucun autre… Je vous ai dit toute ma vie, révélé mes idées, donné les raisons réelles qui me commandaient de vous repousser.

Le jeune homme eut un rire un peu forcé.

— Soyez franche ! Avouez que je ne vous plaisais pas !… Si vous aviez eu pour moi la vingtième partie de ce que je ressentais pour vous, toutes vos théories se seraient bellement envolées.

Sans le regarder, Henriette dit avec une douceur in- finie :

— Vous pouvez croire ce que vous voudrez…

Il eut un imperceptible frémissement et ses yeux s’arrêtèrent à la silhouette de la jeune femme.

Grande et mince, naturellement élégante, son peignoir en étoffe claire de forme Louis XV, l’habillait délicieusement. Et, dans la grâce de son cou nu, de ses bras découverts, de ses cheveux bruns légers, noués à la hâte sur sa tête, il y avait quelque chose d’intime, de voluptueux de très inusité en elle qui, d’ordinaire, ne se laissait jamais apercevoir autrement que dans l’austérité de robes de ville sombres et correctes.

— Quelle coquetterie raffinée vous avez ! s’écria-t-il, plein de rancune et de sensuel émoi.

Elle tressaillit, péniblement touchée par cette accusation.

— Que vous êtes injuste !…

Et Julien eut la stupeur de voir subitement briller deux larmes dans les yeux de son amie.

D’un geste fougueux, il se précipita à ses côtés, l’enlaça avec un cri de triomphe ému.