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Page:Pert - L Autel.djvu/155

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tuelle lui pèse, toutes ses conséquences lui deviennent odieuses… Ahman a été, comme d’ordinaire, faire sa tournée au grand marché qui, chaque mois, réunit les hommes des tribus les plus éloignées… Il a parlé à des chefs opulents, il a vanté la beauté de Magdeleine, il a éveillé des curiosités et des désirs, obtenu des promesses de visites… il rentre pour rendre compte à sa maîtresse de sa mission, mission qui fait horreur à celle-ci, maintenant qu’elle est touchée par l’amour… l’amour immense qu’elle ressent pour Jésus…

Mady eut un cri :

— Oui, oui !… Oh ! je comprends !…

Et, la voix de l’avertisseur retentissant dans le couloir, elle bondit, tout enfiévrée, la voix claire :

— Ah ! vous verrez ! cria-t-elle radieuse. Je les aurai, les yeux de votre Magdeleine !

Robert haussait les épaules, plein de rancune et de désabusement. Cette fille était vraiment folle de s’enthousiasmer ainsi pour les élucubrations saugrenues de ce poète marchand de vin !…

Aussi, la comédienne ayant quitté sa loge, dit-il avec une amabilité affectée :

— Venez-vous dans la salle, La Boustière ? Pendant que l’on joue, cela n’a pas d’inconvénient, personne ne vous voit et l’on recueille parfois des impressions intéressantes…

Il se réjouissait d’avance des camouflets qu’allait probablement recevoir l’auteur.

Celui-ci asquiesça, naïvement reconnaissant.

— Bien volontiers !… Je vous remercie de me piloter… Jamais je ne me reconnaîtrais dans ces corridors.

Lorsqu’ils parvinrent dans le couloir longeant les loges de premières, celui-ci était entièrement vide, blanc et lumineux. Là-bas, deux ouvreuses classaient les pardessus