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Page:Pert - L Autel.djvu/156

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et les manteaux dans les vastes armoires aux têtières de cuivre.

Robert poussa le battant de velours de l’entrée des fauteuils de balcon ; et les deux hommes s’adossèrent à la cloison des loges qui la bordaient.

C’était, dès l’abord, dans la demi-ombre de la salle l’apparent silence du public, une impression de mystère et de recueillement, qu’animait étrangement la voix des acteurs, à la fois naturelle et factice, très distincte et très lointaine.

Tendant l’oreille, impressionné, Joseph-Pol essayait de reconnaître la scène qui se déroulait sans y parvenir, le cerveau en désordre, éperdu par cette idée qu’une foule était là, muette et attentive, guettant le développement de sa pensée.

Durant un instant, le pouvoir d’un auteur lui parut dé- passer celui d’un roi.

Robert le toucha à l’épaule, murmurant :

— Écoutez…

L’on parlait dans la loge contre laquelle ils s’appuyaient. Deux voix de femmes alternaient, en ce susurrement discret des habitués de théâtre, avec cette expression vide, frivole, gentiment niaise qui dénote la jolie femme.

— Mais, c’est Quo Vadis !

— C’est joli, en somme… Tenez, le corsage de la femme… la blonde, là-bas, qui a des tresses roulées sur les tempes, on pourrait porter ça l’été…

— Oui, en pinçant un peu à la taille, cela ferait un joli blouson.

Un grand silence ; puis :

— Est-ce que ce sont des vers ?

— Oui. Non… Regardez sur le programme.

— Je ne peux pas, je l’ai laissé tomber… J’attends André pour plonger à sa recherche.