Aller au contenu

Page:Pert - L Autel.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Sallus le regarda dans les yeux.

— Vous vous trompez, mon cher.

— Non !

— Eh bien ! c’est parfait… Quelqu’un de plus expéditif que vous se chargera de la chose !…

Robert tressaillit.

— Vous dites ?…

— Qu’en sortant d’ici si vous persistez à m’affirmer que vous êtes incapable de mettre votre pièce debout en quinze jours, je vais m’aboucher avec un confrère plus expert que vous, et qui résoudra le problème.

Un vertige gagnait le jeune auteur.

— Vous voulez dire que vous me refuserez votre appui ?… Eh bien ! libre à vous !… Je m’en passerai… Et nous verrons si Chaîne conjugale ne forcera pas les portes d’un théâtre avec ma seule signature !…

Sallus ricana.

— Pardon !… Nous ne nous entendons pas !… Chaîne conjugale sera en effet très certainement jouée cet hiver, mais puisque vous refusez d’y travailler, elle sera simplement signée de moi et du bonhomme qui se sera chargé de l’écrire sur votre canevas, que je possède… canevas très complet, et dans lequel il y a très peu à modifier…

Robert bondit, suffoquant.

— Vous osez dire que vous me voleriez ma pièce ?… Mais vous êtes fou !… Si j’ai eu la naïveté de vous laisser ce canevas, j’en possède le double… Je puis le montrer partout, vous dénoncer, vous démasquer !… Vous faire condamner par le monde entier, après vous avoir souffleté en pleine rue ! Et je vous jure que c’est ce que je ferai !…

Maurice Sallus leva ses épaules carrées d’ancien sous-officier.