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Page:Pert - L Autel.djvu/189

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Brièvement, durant le trajet du rez-de-chaussée à la loge de premières, Guy narra :

Une provinciale élevée à Paris, dans un milieu politique et un peu rasta ; la mère veuve, maîtresse de Barbevier, l’ancien sous-secrétaire d’État ; elle, la fille, très jolie, demi-vierge dans l’acception la plus large du terme, faisait la joie des bals officiels, mariée assez tard à une bonne poire de province, un comte de Mamers, qui vit dans ses terres, près de Loches, et qui, au grand désespoir de Valentine, refuse obstinément d’habiter Paris l’hiver. Tout ce qu’elle obtient, c’est trois ou quatre petits congés par an, pendant lesquels elle s’installe à l’hôtel, à Paris, seule, et, alors, s’en donne tant qu’elle peut.

Castély demanda : Jolie ?

— Très excitante. Et puis, tu sais, avec elle, ça ne traîne pas. Je te préviens qu’elle est très emballée sur toi… Donc prépare-toi aux pires conséquences…

Ils arrivaient à la porte de la loge, qu’une ouvreuse s’empressa de leur ouvrir.

Robert vit un homme en habit, debout, et deux femmes assises, élégamment toilettées, qui causaient indolemment. Le mari et la femme, mondains quelconques, lui parurent essentiellement négligeables, au lieu que Valentine de Mamers l’intéressa immédiatement.

Grande, bâtie avec une solide élégance de femme de sport, elle devait avoir dépassé la trentaine, et offrait un singulier mélange de santé et de névrose en ses traits fins et contradictoires. Lèvres pleines et colorées de voluptueuse vigoureuse et saine, nez mince, aux narines convulsées parfois de tics, yeux énigmatiques, aux lourdes paupières léthargiques qui souvent se soulevaient avec vivacité et découvraient un regard d’une surprenante intensité spirituelle ou sensuelle.

Robert fut frappé du contraste des hanches, très dé-