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Page:Pert - L Autel.djvu/190

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veloppées, et de l’exiguité de la poitrine — presque une poitrine de garçon. — Tout en bassin et pas de seins, pensa-t-il.

Néanmoins, déshabillant la femme du regard, il la jugeait singulièrement tentante en sa structure inordinaire.

Sa voix était, d’ailleurs, d’une séduction rare. Et, elle avait, dans les termes, cette exagération adulatrice qui sied à certaines, alors qu’elle rend les autres grotesques.

La sonnette annonçant le troisième acte fit se lever Robert. Madame de Mamers posa vivement la main sur son bras.

— Restez ! s’écria t-elle avec une ardeur qui fit involontairement sourire le jeune homme.

Intelligente, elle surprit ce sourire, et se penchant elle dit à voix basse, d’un ton où se mélangeaient, de façon tout à fait séduisante, une légère ironie d’elle-même, et l’abandon d’un être vaincu par la volupté :

— Eh bien, oui, j’ai envie de vous garder… je ne sais pas mentir… et puis, je n’ai pas le temps.

Dans son regard, Robert voyait distinctement éclore des pensées, non formulées. Il devinait, indulgent, la raison de la facilité de cette belle créature qui devait contenter ses sens hâtivement, nouer et dénouer des liaisons entre le départ et l’arrivée des courts séjours.

En ce moment, il l’eût aimée fougueusement, sans l’ombre de ce vague mépris que l’homme ressent pour la femme qui s’abandonne avec une promptitude que la virilité se réserve.

Il s’attendait à ce que l’aventure eût un dénouement complet et immédiat ; aussi, lorsque, la pièce terminée, ils se levèrent, il eut un réel désappointement quand madame de Mamers lui jeta à voix basse :

— Demain, je voudrais vous voir… Chez moi, c’est impossible… Mais, chez vous ?…