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Page:Pert - L Autel.djvu/20

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Il imaginait la jeune femme tombée sur le lit, sanglotant éperdûment, ses cheveux blonds défaits, ses petits poings serrés enfoncés dans l’oreiller, ainsi que lors des gros chagrins puérils qui parfois la saisissaient pour des riens.

Et les minutes s’écoulaient, augmentant son mécontentement d’elle et de lui, son agacement de ne pouvoir se déterminer à aucun geste.

Irait-il consoler Suzanne, ou quitterait-il la place ?… Fuirait-il vers quelque café, quelque bureau de rédaction ou atelier ami, où la conversation banale, des cigares allumés feraient s’envoler en fumée les impressions désagréables qui s’étaient emparées de lui et l’obsédaient actuellement ?

La porte s’ouvrant, le frôlement d’une robe sur le tapis le firent se retourner.

Suzanne était là.

— Sortons-nous ? demanda-t-elle simplement.

Elle avait revêtu un costume de sortie gris dont le boléro ouvrait sur une chemisette de crêpe de soie blanc très garnie de broderies, rehaussées de paillettes de nacre et de dentelles. Une voilette blanche, aux plis corrects, emprisonnait son visage calme, fraichement poudrerizé, aux yeux à peine soulignés de mauve, sous l’ombre claire du chapeau de feutre blanc, garni de violettes de Parme et de camélias roses et blancs.

Robert se rappela qu’il était convenu que tous deux feraient ce jour-là la promenade au Bois qui était leur ordinaire sortie lorsque le temps se montrait beau.

Et, soudain, un grand froid, une désillusion amère s’emparèrent de lui, à constater une fois de plus l’impossibilité de la communion réelle des pensées, même entre les êtres les plus profondément liés…

Cette impression se traduisit au dehors par une ex-