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Page:Pert - L Autel.djvu/208

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Elle ajouta plus bas, ses yeux s’emparant avec insistance de ceux de Robert :

— J’ai savouré l’essor juvénile de votre âme, comme l’on goûte à des lèvres vierges…

Il se sentait peu à peu enveloppé, comme imprégné d’une volupté spéciale, imprécise, singulièrement irri- tante, et dont il n’eût su dire la provenance exacte :

— Vous êtes une femme étrange !…

Elle fit un geste :

— Mon Dieu, non…

— Mais si… j’ai malgré moi l’impression que je cause avec un homme, un camarade, et cela me gêne un peu !…

— Bah !

— Naturellement.

— En somme, ce n’est pas très poli, ce que vous me dites-là… Cela sous-entend qu’à mes côtés vous n’avez pas la moindre velléité de vous montrer… galant ?

Il sourit :

— Je pourrais vous répondre que, tout à l’heure, vous m’avez enjoint d’oublier la politesse… Mais je préfère avouer la vérité : vous me troublez, au contraire, beaucoup… jusqu’au malaise.

— Expliquez…

Il se leva, cherchant machinalement une cigarette dans la poche de sa jaquette.

— Vous permettez qu’on fume ?

— Certainement… J’ai également ce travers.

Il lui tendit son étui.

— Alors !…

Quelques minutes se passèrent, Robert avait repris sa place aux côtés de Valentine ; tous deux furent bientôt entourés de vapeur odorante.

— Je puis être très franc, n’est-ce pas ? demanda-t-il.