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Page:Pert - L Autel.djvu/207

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pour enlacer subitement les épaules du jeune homme et mettre un baiser dans son cou.

— Mais oui, soyez donc tranquille !…

Puis, comme le jeune homme la voulait étreindre, elle se dégagea.

— Non !… Ne vous croyez pas obligé, par politesse, à des démonstrations passionnées… Je n’estime que l’élan sincère et le désir spontané…

Elle parlait avec une bonne humeur qui surprit Robert.

— Vous êtes charmante ! dit-il.

Elle se rapprocha, reprenant :

— Du reste, cette brochure, maculée, raturée, m’a profondément intéressée ; on y suit matériellement, visiblement, toutes les phases de la naissance de l’œuvre.

— Vous l’aimez ma pièce ?

— Je vous ai dit, hier, l’impression qu’elle m’a faite, sous le charme du jeu plein d’habileté de vos interprètes… Lue, elle m’a paru plus belle encore… Cependant, j’ai mieux aperçu les lacunes.

Elle s’arrêta, le sonda du regard, craignant de le froisser.

— Allez donc, dit-il, très calme.

Elle poursuivit :

— Je ne m’érige ni en juge, ni même en connaisseur, ce qui serait fort ridicule de ma part ; cependant, je crois ne pas me tromper en vous disant qu’il y a des élans tout à fait beaux, presque sublimes, auprès de défauts très apparents dans cette œuvre. Élans, qu’il me semble, vous ne retrouverez plus… comme vous ne commettrez plus les mêmes fautes, par la suite… Je m’imagine que cette pièce sera unique dans votre vie d’auteur, et je suis profondément heureuse de l’avoir saisie à sa naissance…