Guy répliqua vertement :
— Eh bien ! mon vieux, tu aurais dû y rester !… Tu nous tirais d’un sale pétrin !
Robert le saisit par le bras.
— Viens !… Allons-y !… Il faut que je la voie !… Il y a peut-être encore de l’espoir !… Ce n’est pas possible qu’il n’y ait rien à faire, à tenter !…
L’autre cria, exaspéré :
— Ah ! nom de Dieu ! tu as la cervelle dure !… Quand je te dis qu’elle est morte !… Morte, comprends-tu ?…
Robert tremblait de tous ses membres.
— Viens ! répéta-t-il avec entêtement.
Et il entraîna son camarade dans la rue. Ils ne tardèrent pas à rencontrer un fiacre vide dans lequel ils montèrent.
— Rue Fontaine ! cria Castély, en se laissant retomber lourdement sur les coussins de la voiture qui s’ébranlait.
Guy de Vriane grondait :
— Que vas-tu faire là ?… C’est absurde !… tu te compromets, et tu n’en as pas le droit… Tu es marié… Avant, oui, tu devais t’occuper d’elle, mais à présent qu’elle n’y est plus, à quoi bon ?… C’est au théâtre qu’il faudrait aller… Il est nécessaire de parler à Caula, de raisonner Lombez… Avec cela que cet animal de La Boustière est capable de nous lâcher salement !… Tout ce qu’il s’était engagé de verser a fondu… On comptait le taper à nouveau… S’il refuse, c’est la culbute !… Ah ! quelle marmelade !… Tu t’en fiches, toi… tu as les rentes de la femme… Après tout, c’est le pain assuré, mais moi !…
Robert, courbé, le front dans ses mains, se laissant aller à tous les cahots de la voiture, semblait perdu, abîmé dans une rêverie d’angoisse.