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Page:Pert - L Autel.djvu/264

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drame ?… et c’est vécu, on peut le dire !… Très hardi, très neuf… Cela doit faire un grand effet. — Vous trouvez cela intéressant, n’est-ce pas ?

— Mais oui, acquiesça l’écrivain avec calme. Je crois que l’on peut faire avec ce sujet une pièce très originale.

Madame de Mamers paraissait peu enthousiasmée par l’exposé de Léoni.

— Vous ne craignez pas que l’on trouve cela un peu gros ?…

Mais l’actrice s’emballa :

— Ma chère Valentine… l’amour primitif, bestial, et le sang, voilà ce qu’il faut au public de toutes les catégories !… Si c’est pour le peuple, situez le drame à l’époque contemporaine, montrez des filles, des souteneurs, la guillotine, Biribi… Si vous vous adressez aux gens du monde, colorez d’un peu d’exotisme, soignez la forme littéraire, enjolivez de décors amusants, de toilettes de grands couturiers, mais, au fond, ne changez rien !… Gardez le même thème !…

Valentine cessa d’insister et fit signe à Robert.

— Vous avez peut-être raison, chère amie. Maintenant, nous allons vous dire au revoir.

Cinq minutes plus tard, dans la rue, madame de Mamers questionnait Castély de nouveau.

— Cela vous enchante ce projet de pièce que vous propose Léoni ?

Il répondit paisiblement : — C’est idiot.

Elle rit. — Ah !… c’est bien ce que je pensais. Mais, alors, que ferez-vous ?

— J’écrirai trois actes, cinq actes, dix actes, tout ce que l’on voudra là-dessus ou sur n’importe quelle autre ineptie. Pour moi, il ne s’agit que de montrer ma bonne volonté à votre amie, par égard pour vous, qui le souhaitez.