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Page:Pert - L Autel.djvu/265

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Madame de Mamers réfléchissait.

— En réalité, je crois qu’elle ne se fait pas d’illusion sur la valeur littéraire de ce drame !… Seulement, elle y voit une occasion de succès personnel pour elle… Elle excelle dans ces rôles absurdes, excessifs, où toute sa nature exotique se révèle, déborde, s’étale…

Préoccupé, Robert ne l’écoutait pas.

— Ce que je rêve, moi, c’est de caser une pièce sé- rieuse… Mais, il me faut un cadre approprié, une grande scène… l’Odéon, par exemple. Malheureusement, je ne sais comment forcer la porte…

Madame de Mamers intéressée, demanda :

— Elle est écrite, cette pièce ?

Il mentit avec une rapidité et un aplomb merveilleux.

— Certainement.

— Oh ! vous me la ferez lire ?

— Avec le plus grand plaisir.

L’engagement l’effrayait peu : il ne manquerait pas de prétextes pour l’éluder au moment embarrassant.

— En somme, quelles influences vous faudrait-il mettre en jeu ?

— Politiques, uniquement, dit-il avec netteté. Les théâtres subventionnés dépendent de l’État, vous le savez, et ils n’ont rien à refuser à un député qui sait insister à propos et parler éloquemment de la place qu’il faut accorder aux jeunes talents nationaux.

Valentine fit un geste. — Très bien ! Le cœur de Robert battit violemment. Il comprit qu’il triompherait, et il se sentit prêt à toutes les soumissions, toutes les compromissions, vaincu, vendu — et heureux du marché.

— Par ici, dit-elle, comme le jeune homme dépassait une petite rue dans laquelle elle s’engageait.

Tout en causant, ils étaient parvenus au vieux Trouville. Ils arrivèrent devant une boutique dont la montre