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Page:Pert - L Autel.djvu/271

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La voix d’Henriette Féraud s’éleva, légèrement contrariée.

— Laissez-la donc !… Je trouve stupide et injuste que l’on abuse de sa force et de sa supériorité envers les enfants !… Si j’avais su que vous taquineriez Marguerite, jamais je ne vous aurais parlé de sa vocation…

Le docteur l’interrompit, ironique.

— Vocation !… à son âge, c’est un bien grand mot !…

Madame Féraud riposta avec vivacité :

— Ah ! vous êtes comme tout le monde !… Vous ne pouvez admettre que les jeunes intelligences renferment souvent des idées graves.

Devenu tout à coup sérieux, Julien avait abandonné la fillette qui, bien que demeurant, boudeuse, ne s’éloignait point, à présent qu’elle était libre.

Je vous demande pardon à toutes deux, fit-il avec une contrition à peine moqueuse.

Il n’avait pas prêté grande attention au sens des paroles prononcées par Henriette, mais il subissait le charme de sa voix très harmonieuse, très diverse, merveilleusement changeante selon les pensées et les émotions de la jeune femme.

— Médecin ? reprit-il. Et pourquoi pas ? C’est une carrière comme une autre pour une femme, maintenant que tant d’entre elles prennent une profession.

Et, ses yeux étudiant la fillette campée devant lui, et dont le regard le revenait trouver, mi-admiratif, mi-rancuneux :

— Médecin, comme moi ? fit-il d’un ton énigmatique.

Une rougeur intense monta au visage de Marguerite. Elle fit un grand geste de protestation.

— Comme vous, oh ! non pas ! jeta-t-elle avec violence. Moi, je guérirai les femmes, et surtout je les empêcherai de se faire soigner par des hommes !