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Page:Pert - L Autel.djvu/291

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rez… vous me donnerez l’illusion pendant une heure que vous êtes mienne pour toujours !…

Elle le regarda bravement, honnêtement, tandis qu’une rougeur légère s’épandait sur son épiderme resté frais comme celui d’une jeune fille.

— Je vous l’avoue.. J’ai parfois pensé à cela… parfois balancé…

Il eut un élan, s’écriant avec une sorte de violence :

— Henriette ?…

Elle se recula instinctivement, et, la voix un peu altérée :

— Eh bien ! non, pas cela non plus !… Mes filles devineraient qu’elles ne sont plus seules dans mon cœur et ma vie, et je ne serais plus telle qu’il faut que je sois près d’elles…

— Quelle folie !…

— Non, non !… — Tout à l’heure, Suzanne m’a reproché de trop instruire ma fille… Je mets entre ses mains, c’est vrai, des livres d’histoire naturelle très crus, même des romans d’amour, de passion assez réalistes… Je suis persuadée que cette connaissance précoce trempera son âme, mais à condition que ces lectures s’accomplissent dans une ambiance de calme, de pureté absolue… Au sortir des tableaux fictifs troublants du roman, il est nécessaire qu’elle rentre dans une vie réelle aussi ferme que chaste… Alors, la petite effervescence équivoque qui l’a fugitivement visitée s’efface d’elle-même… Je pense que pour que l’enfant, fille ou garçon, s’élève sainement, conserve la vigoureuse chasteté d’esprit nécessaire pour lui modeler une âme et un corps vraiment vigoureux moralement et physiquement, il faut que toute ambiance passionnelle, quelle qu’elle puisse être, soit écartée de lui avec soin.

Julien eut un cri :