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Page:Pert - L Autel.djvu/292

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— C’est de la démence !… Eh bien ! dans le cas où le père est là ?… Est-ce que les enfants d’un ménage or- dinaire, rationnel, ne grandiront pas dans l’atmosphère amoureuse légitime de leurs parents ?… Est-ce que cela les pervertira ?…

Madame Féraud jeta avec vivacité :

— Appelez-moi folle si vous le voulez, mais je vous répondrai : Oui, rien n’est plus amollissant, plus intimement démoralisant pour l’enfant que la vue, la conscience de la passion physique mutuelle de ses parents !… que l’imagination, si vague et voilée qu’elle soit de leurs rapports qui, pour être légitimes n’en sont pas moins des actes passionnels…

— Alors ?…

— Je vous l’ai dit déjà… Je crois que les êtres humains ne peuvent et ne doivent aimer que durant un temps relativement court… Et, tout naturellement, sans regrets et sans sursauts, alors que le temps se passe sur leur liaison, que les enfants grandissent et deviennent clairvoyants, glisser à l’affection tranquille, à l’amical lien désexué qui ne saurait jeter dans l’atmosphère familiale aucune lueur trouble…

Les yeux fixés sur Henriette, ses pupilles largement dilatées, Dolle se pencha vers elle, essayant du magnétisme obscur de l’attouchement de sa main sur celle de la jeune femme, qui tressaillit tout entière à ce contact inattendu.

— Est-ce à votre âge, telle que vous êtes, que l’on profère de pareilles sottises ? dit-il à voix basse et passionnée. Avouez donc que toute femme et mère que vous êtes, vous ne vous doutez pas de ce que c’est que l’amour !… Voilà pourquoi vous prononcez de telles folies !… Venez à moi, laissez mes bras vous enlacer, ma bouche vous apprendre le baiser… Oh ! soyez à moi, et