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Page:Pert - L Autel.djvu/335

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détournait son regard de lui, tout occupée de la jeune femme.

Avant de les suivre, Robert adressa un geste impérieux recommandant le calme et la circonspection à la belle Valentine, rouge et décontenancée, furieuse de la scène inopinée qui venait d’avoir lieu et qui dénotait chez Suzanne Castély des idées de vengeance, d’obscurs projets qui ne laissaient pas d’effrayer un peu la dame.

Là-haut, tandis que madame Féraud disparaissait discrètement, Robert vint se jeter à genoux près de la chaise-longue, sur laquelle Suzanne, défaillante, s’était laissée tomber.

— Ma Suzanne, mon enfant chérie ! s’écria-t-il d’un accent ému, plein de sincérité, et où reparaissait sa tendresse passionnée de jadis, notre amour ne peut pas sombrer ainsi si vilainement !… Ecoute-moi, crois-moi !… Plains-moi !… Et donne-moi, comme autrefois, ta poitrine pour ma tête endolorie ! Accorde-moi ton attention, ta pitié, ton indulgence !…

Du geste qui avait été tout puissant près de la jeune femme, il l’enlaçait, quêtant son appui dévoué, sa caresse quasi maternelle.

Il souffrait de la blessure qu’elle avait reçue. La fragilité, le changement de Suzanne, qui lui apparaissaient soudain à cette heure de claivoyance, lui causaient un grand trouble, un poignant remords.

Mais, elle le repoussa froidement.

— Non, non, va ! fit-elle, la voix lasse. Je ne peux plus… Je n’ai pas plus l’âme d’autrefois que tu n’es aujourd’hui l’homme que je consolais,’pour qui j’étais tout… Nous ne pouvons plus rien être l’un pour l’autre, sinon encore une cause de chagrin et de souffrance…

Il se redressa, douloureusement frappé.

— Oh ! Suzanne, est-ce vrai que tu ne m’aimes plus ?